Hara kiri 10 ans Ca commence par une promenade de

Hara kiri 10 ans

Ca commence par une promenade de gamins dans le quartier, je devrais écrire une mini errance.

Je n'ai pas retrouvé la date exacte.

Je suis donc un gamin de 10 ou 11 ans, je connaitrais la date exacte si quelqu'un peu me dire quand le slogan est apparu, ou si un collectionneur se souvient lui, du numéro.

Je suis le numéro deux d'une famille de 4, enfance dans un HLM SNCF. Une famille de l'époque assez tristasse. Beaucoup d'ennui.

Blondinet je fais enfant sage et je le suis, nous le sommes tous les 4 mais par dressage beaucoup, par les peurs qu'ont nos parents, la peur de nos parents. et par ma part faiblesse.

Héritage!

Derrière l'enfant blond sage par dressage peur, lâcheté, un sale gosse qui parfois se lâche, mais petitement, comme du bout des doigts, les repliants assez vite, la peur toujours. Ne croyez pas que je ré-écris les choses, non je sais déjà à cet âge là que le courage n'est pas mon fort, que j'ai peur.

Hara Kiri est en petit format encore

En haut une fausse publicité en trois ou quatre photos qui conseille à une jeune femme accoudée à la fenêtre d'une chambre de bonne, d'utiliser une ventouse pour redonner du tonus à sa poitrine, la redresser.

Je suis avec un copain, derrière la place un bout de rue avec un marchand de journaux, accroché à la façade Hara Kiri tenu par des pinces à linge et le slogan :

«Si vous ne pouvez pas l'acheter volez le», le slogan est plus long je crois,

«Si vous avez de l'argent à perdre achetez HK ou si vous ne pouvez pas l'acheter, volez le.»

Je le prends comme une invitation et dérobe rapidement le journal, le copain a peur, le marchand n'a rien vu. Et mon regard sur le monde change.

Après c'est moins clair, je feuillète le journal, le lis en marchant dans le quartier, le copain n'est plus là. Je sais que je dois faire vite, impossible de le ramener chez moi, non parce que je l'ai volé, mais bien parce que j'ai compris que les parents vont faire tout un foin sur le contenu, sont coincés, comment dire sont normés, Elle Catho, lui Coco, pour le reste ma foi c'est gratuit, alors!

La télé noir et blanc, une chaine, et une émission qui choquait, «Les raisins Verts» de J C Averty, là c'est en 1963 j'ai 12 ans

comme il n'y a qu'une chaine tout le monde regarde, et râle contre les horreurs d'Averty.

Mystère encore, alors que nous ne pouvons regarder la télévision qu'au compte-gouttes, nos parents nous laissent regarder cette émission, tout en trouvant dégouttant, honteux, horrible la moulinette à bébé, qui me fait bien rire. (en fait un hachoir manuel de boucher)

Un soir Choron, Romain Bouteille et d'autres, je crois, de Hara Kiri passent dans l'émission, plus justement si les souvenirs ne sont pas trop tordus par le temps, Averty a construit l'émission pour eux

De ce journal, de ces gens que je ne connais pas, j'apprendrais à ne rien respecter, le sale gosse commence à ouvrir laborieusement ses ailes. Je me mets à rire de tout, à faire de l'humour noir, à ne rien respecter, mais c'est lent, dieu que c'est lent, le môme bien léché, la peur prennent souvent le pas sur l'autre le vrai.

Sale gosse, enfin ce n'est pas vraiment le mot, dégourdi, débrouillard, ricaneur tout ça quand la peur n'est pas là. 11 ans et j'ai compris que rien n'a de sens que rien ne mérite le respect, rien ne vaut la peine.

Des années durant je lirais Hara Kiri puis l'Hebdo puis Charlie Ils influenceront mes lectures, A Bierce, J Strenberg, Topor d'autres encore. Ils influenceront ma manière de voir le monde. Je chercherai le plus souvent possible le contre-pied, pour saisir mieux le réel. Démonter les discours, les manipulations, ces lectures me protégeront, m'empêcheront de vieillir mal en vieux con, non que le vieux con n'existe pas en moi, comme chez tous. J'ai fait l'effort de l'être moins ou le moins possible.