Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Ils existent je les ai rencontré(e)s
Ils existent je les ai rencontré(e)s
Publicité
Archives
19 septembre 2016

Le miracle

 

Le miracle

Suite à un accident de voiture dont son père, trop fatigué ce jour là pour conduire, était en partie responsable, Estelle avait la colonne vertébrale toute tordue.
Il aurait fallu l'opérer, mais sa mère trouvait l'opération dangereuse et pensait qu'il valait mieux s'en remettre à Dieu et ses miracles.

Depuis trois ans, Estelle passait ses vacances scolaires de lieux saints en lieux miraculeux. Elle se tapa Lourdes, Fatima, Compostelle, sans compter les ablutions obligatoires des prêcheurs américains. Elle avait bu un grand nombre de tasses bénites.

Sa mère lui imposait chaque année un séjour aux USA où elle se cognait les assemblées de pasteurs autoproclamés.
Elle avait tout vu tout entendu : Que c'était une punition divine, que le diable la possédait, que le crime était trans-générationnel, les religieux enfilant avec bonheur les habits de la psychologie.

Elle avait reçu l'extrême-onction, mangé des fleurs bénies ici ou là par un saint homme ou une sainte femme. Avalé des litres d'eau consacrée. Vécu un exorcisme.

Rien ne changeait.
Tordue elle était, tordue elle restait. Au grand bonheur de sa mère qui continuait pleine d'espoir sa tournée des lieux sacrés.
Elles allaient bientôt commencer la quête des menhirs et dolmens guérisseurs.

Lors d’un nouveau périple, la mère eut un choc esthétique face à une petite chapelle romane en bordure de route.
Elle ne put résister à l'envie de tenter un nouvel essai, bien que n'ayant aucune information sur le saint Sauveur en question.

A la plus grande joie d'Estelle, un miracle se produisit.
Dès l'entrée dans la chapelle, sa mère se mit à genoux pour prier et remonter vers le chœur en pénitence, dans l'espoir futile d'une guérison qui eut bien lieu.

Contre toute attente raisonnable de la part d'Estelle et béate de la part de sa mère, une voix énorme se fit entendre.

« Tu n'as pas fini de la faire chier, cette petite ? Emmène-la plutôt se faire opérer.»
La voix résonnait avec une puissance telle que les décibels les plus puissants ne sont que murmures.

Ne blaguait pas, l'Eternel !

La mère fut dans la foulée bonne pour l'asile.
Elle ne se remit jamais de cette vie de prière que Dieu venait d'envoyer aux orties d'une pichenette.

Estelle fut opérée quelques semaines plus tard. Elle porta, reconnaissante, un bouquet à sa mère. D'abord à l'asile bientôt au cimetière.

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité