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Ils existent je les ai rencontré(e)s
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28 août 2016

Le costard.

 

 Rigole avec mon histoire, mais elle te serait arrivée à toi, tu l'aurais pris comme moi. Tu n'aurais pas supporté d'avoir l'air con. Imagine un peu.

Si tu arrêtes de te foutre de moi et si tu mets un peu de sérieux pour m'écouter je suis preneur pour te narrer ma déconfiture.

 

Ce n'est pas que mes parents soient radins non c'est pire ils sont radins.

Surtout ils sont petits dans leur tête et les bonnes idées chez eux, ben elles sont forcement mauvaises!

Mais là c'est le pompon, je sentais que ma mère n'était pas d'accord, mais comme d'habitude elle l'a bouclée.

Ah elle était forte pour ne pas prendre  parti.

«Ton père ceci ton père cela, il m'a fait ci, il m'a fait ça", toujours sur le front j'étais.

Fallait se taper le boulot de la maison avec elle et en plus l'écouter dire ses horreurs sur mon père, ceci dit tout n'étais pas faux loin de là. C'était plutôt le contraire, mais j'avais l'air fin moi le gone de 13 ou 14 ans à écouter ma mère passer leur vie de couple en revue.

Tout juste si elle ne parlait pas cul, mais là comme ils devaient pas en abuser, elle n'avait pas grand chose à dire.

Donc des parents pas tristes.

 

Un de leurs soucis c'était le pognon, à les croire on était sur la paille dès le zéro du mois, en fait ils engrangeaient, stockaient la moindre pépette piécette, en accord tous les deux, mais la responsabilité pour le père.

Au collège en troisième je me suis mis à grandir, il paraît que c'est normal à cet âge là. Donc grandir cela veut dire vêtements et vêtements cela veux dire acheter et acheter cela veux dire drame familial. Donc drame, comment se sortir de ça ?

 

Bon a du mal accuser les gamins de grandir, encore que c'était limite, ensuite comment les habiller pour pas un rond ou pour le minimum de ronds.

Eurêka.

Je sentais qu'un truc se préparait en douce, le courage ce n'est pas une vertu familiale et même j'en ai des restes de ce genre de lâchetés, des fois je me fais honte.

 

Le truc ils ont commencé à le distiller comme ça quand je passais dans le couloir, le mot tailleur est revenu plusieurs fois, puis il y eu le mot costume. Aie aie.

 

 

Et un beau matin un samedi ou un dimanche mon père m'a appelé pour un truc important

«On va te faire faire un costume» «tu es content! » Que dire rien, j'attends. "Habille toi on va chez le tailleur."

Et c'est parti en avant dans la 4L familiale direction le quartier des grands parents. Dans la même rue.

Un sous sol un entresol je ne sais pas, mais un truc noir je te dis pas, et là deux vieux. Le tailleur et sa femme, je savais pas que des vieux pareils existaient, ceci dit ils devaient pas rire.

Cinquante ans après je revois le vieux et sa moustache.

Mon père était déjà venu visiblement. Il avait sous le bras un costard croisé qui datait de juste après la guerre. Là j'ai pigé. Je vais pas te raconter les essayages, le regard de mon père qui compte ses sous, le vieux qui n'en peux plus de gagner trois francs en faisant un travail de merde.

La fierté merdique de mon père, non pas d'avoir un fils bien habillé mais de voir son costard reprendre du service.

Et cela a été du boulot et bien sûr du boulot de cochon, du rapiéçage il fallait voir, le costard avait un revers en bas des jambes ils l'ont enlevé j'étais plus grand que mon père, le pli restait marqué en bas, la taille trop large, et la veste mon dieu la veste!

Je ne te parle pas de l'humiliation, ils essayaient de me faire prendre des vessies pour des lanternes. En plus je savais que je devais fermer ma gueule

La veste je l'ai mise une fois j'en est pris tellement plein la gueule par les copains que je ne l'ai plus touchée, jamais.

Le falzard le fond partait en déchirure, je faisait celui qui ne savait pas, deux trois mois ont passés. Ma mère a exigé que je le porte. Pas de chance il était devenu trop petit les mollets dépassaient, la ceinture était devenue trop petite.

Ni l'un ni l'autre n'ont insisté.

Je sentais qu'ils avaient honte, mais pour rien au monde ils ne l'auraient dit comme toujours faire des conneries et en aucun cas les assumer. Comme toujours

 

 

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